danse sculpture

Lucas Bouan Tsobgny

Qu’elles soient longues et brunes, en tissu alimentaire, en carton ou élaborées à partir d’un mélange de terres et de silicones et recouvertes de poussière blanche, les sculptures de Lucas Bouan Tsobgny semblent brûlées, momifiées, comme arrêtées, il y a longtemps, en plein élan.

 

Il insuffle pourtant la vie à certaines, notamment en dansant sous une peau, dans une performance qui, à l’image de son installation, est très organique. C’est aussi le rituel que Lucas Bouan Tsobgny, amoureux des histoires qu’on lui raconte, convoque à travers cette expérimentation du corps et des matières. Métis, ces rituels qu’il réinvente évoquent aussi bien des traditions africaines durant lesquelles les danseurs sortent de la forêt pour incarner des animaux ou des représentations divines, que des derviches tourneurs. Chaque station est ainsi dotée d’une structure narrative spécifique, qu’il traverse avec grâce. Performer caméléon, Lucas Bouan Tsobgny aime se faufiler, de façon organique, dans d’autres peaux et d’autres sexes.

 

S’imaginant ainsi parfois, dansant, près du tissu de wax fleuri et coloré qui, ici, symbolise l’attente, qu’il est une femme dont le mari ne rentre pas. On pense aussi à celles qui portent des seaux sur la tête depuis des siècles lorsqu’il ondule du bassin avec grâce, torse nu, un seau en équilibre sur la tête. C’est une esthétique du débris et du fragment. De la terre, de la cire, du goudron. Du peu qui nous suggère beaucoup. Une exposition qui raconte aussi l’exil, habité par celui qui 4s’y perçoit, dit-il, comme un revenant. Marjorie Bertin, journaliste à RFI

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